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1. a. Les contraintes
Les contraintes subies par cette structure sont nombreuses et d’intensités très différentes. Elles
sont majoritairement supportées par des changements de tension dans les rayons.
En statique (lorsque votre vélo est rangé au garage), des contraintes sont déjà présentes :
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La tension des rayons elle-même cherche à « raccourcir » la distance existante entre le moyeu et la jante,
voilà la principale contrainte statique, assez surprenant de voir que les éléments (les rayons) supportant
majoritairement les contraintes sont eux même pourvoyeurs de contraintes.
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La pression présente dans les pneumatiques tend à réduire le diamètre de la jante (voilà l’une des deux
raisons pour laquelle l’on entend souvent qu’il est bon de réduire de moitié environ la pression des pneus,
l’autre étant la possible perte d’élasticité des fils de la carcasse du pneumatique). Concernant la perte
d’élasticité des pneumatiques, il faudra que je m’adresse à un spécialiste pour avoir le fin mot de l’histoire,
car je pense que les carcasses « non naturels » de plus en plus utilisées sont moins propices à ce genre
de problème. Pour ce qui est de la jante, ne vous inquiétez pas, la contrainte bien qu’existante est infime,
elle ne provoquera en fait qu’une légère perte de tension des rayons visible à l’aide du tensiomètre mais
insignifiante comparée à celles que les rayons vont subir en dynamique.
Transition toute trouvée, abordons donc les contraintes qui nous intéressent vraiment : les contraintes dynamiques.
Et là je risque de commencer à vous surprendre (ou peut-être vous décevoir J), puisque je vais à nouveau lister ces
contraintes par ordre d’importance, et même s’il m’est très difficile de chiffrer précisément cela, la contrainte
de très loin la plus importante (quelque part autour de 80 à 90% voir plus) n’est pas le couple « surpuissant » que
nous appliquons sur notre roue arrière (je vous l’avais dit, notre ego de cycliste en prend un coup), mais tout simplement
notre propre masse (contrainte radiale). Viennent ensuite les contraintes latérales et de torsion.
Plus en détail :
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Les contraintes radiales sont donc de très loin les plus importantes, et au nombre de deux, la seconde étant liée
au freinage dans le cas d’un frein sur jante (étriers pour vélo de route, cantilevers, v-brakes, freins sur jante
hydraulique). Je mentionne ces contraintes liées au freinage juste pour que vous sachiez qu’elles existent, mais
nous ne rentrerons pas plus dans les détails car on ne la prend pas en compte pour la conception d’une roue
(attention : je parle ici uniquement des freins sur jante). Revenons donc à la « vraie » contrainte radiale, je me
lancerai bien dans un grand cours de physique, mais pas sur du tout que j’ai les compétences pour cela, alors faisons
simple. Tout élément à la surface de la Terre est attiré par le centre de celle-ci, j’espère ne pas me tromper en disant
que notre masse correspond en quelque sorte à l’intensité de cette attirance. Vous vous demandez peut-être ou je veux
en venir ? euh bah moi aussi :) . Lorsque nous montons sur notre vélo, nous créons en quelque sorte un ensemble roulant
composé de nous et notre vélo, et ayant une masse globale correspondant à l’addition de ces éléments. Cette masse globale
repose alors uniquement sur les quelques millimètres de gomme de nos pneumatiques étant en contact avec le sol. Au niveau
de la roue, cela signifie que le rayon perpendiculaire au sol et celui subissant le plus de contraintes. Cette contrainte
si le montage a été bien réalisé avec une tension suffisante, se traduit simplement par une perte de tension sans aucune
déformation du rayon concerné. Je pense qu’il n’est pas trop prématuré de tirer les première réflexions qui vont rapidement
nous mener dans le vif du sujet, à savoir « quelle roue est bonne pour moi ». En voilà déjà deux :
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quelque chose que je n’ai pas encore dit car très évident… lorsque vous roulez, vos roues tournent (ça c’est un scoop !!!),
donc la contrainte maximale sur le rayon perpendiculaire au sol se fait en alternance entre tous les rayons, ma première
déduction est donc la suivante : plus le nombre de rayons est élevé, plus le laps de temps durant lequel un rayon supporte
la contrainte maximale est court, et dans le cas d’un nombre de rayons élevés la contrainte maximale peut « presque » être
supportée par deux rayons à la fois (cela pourra nous amener un peu plus tard à discuter du cas très intéressant des roues
à rayons appairés). Tiens cela me fait juste penser à quelque chose d’autre, plus l’on roule vite, plus l’on raccourcit
également ce laps de temps, donc pour préserver vos roues, vous savez ce qu’il vous reste à faire : Roulez le plus vite que
vous pouvez :) !!!
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deuxième réflexion, qui correspond en fait au second moyen de réduire la contrainte sur le rayon perpendiculaire au sol,
utiliser une jante la plus rigide possible. Il est très simple d’imager cela : imaginons l’imaginable, une jante en caoutchouc,
la jante n’aurai aucune résistance par rapport au sol puisque complètement déformable, et dans ce cas la totalité de la
contrainte reposerait sur le rayon, à l’opposé une jante très rigide, généralement haute, ne déformera pas ou que très peu
au contact du sol, dans ce cas la contrainte est bien moins supporté par le rayon. C’est pour cela qu’il est très difficile de
réduire le nombre de rayons avec une jante plate, alors qu’à l’opposé une jante carbone ou alu très profilé quasiment indéformable
permettra de divise le nombre de rayons 1.5 à 2 fois par rapport à une jante plate alu.
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Les contraintes latérales sont principalement provoquées par les changements de position sur le vélo, notamment lorsque l’on roule
en danseuse, ainsi que par les virages. Nous ne rentrerons pas vraiment dans les détails, puisque ces contraintes se maintiennent
toujours dans les limites élastiques des différents composants et ne sont par conséquent pas un réel problème (nous aborderons
le thème de la rigidité latérale un peu plus tard…).
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Dernière contraintes, nous ne pouvions pas les oublier sont les contraintes de torsion, elles correspondent en fait à l’application
d’un couple sur le moyeu, deux situations possibles, le pédalage sur la roue arrière, et le freinage à disque, aussi bien sur la
roue avant que sur la roue arrière. Lorsque je disais que ces contraintes étaient infimes, je n’ai peut-être pas précisé « dans
le mesure ou la positionnement des rayons est correct », car pour être tout à fait juste, il faut préciser que ces contraintes
peuvent être aussi bien être infimes qu’énormes. C’est ici que se pose le problème des croisements et angles de rayonnage, la
position « idéal » pour un rayon recevant du couple et tangentiel par rapport à l’axe du moyeu, soit un angle se rapprochant le
plus possible de 90°. Dans cette situation les contraintes sur les rayons sont minimes et la rigidité en torsion est maximum. A
l’opposé le rayonnage radial vit très mal le couple qu’on lui demande de transmettre, dans ce cas on diminue la durée de vie du rayon
de manière très significative, puisque le rayon avec un positionnement radial transfèrera malgré tout le couple mais les contraintes
subies sont tellement énormes (le rayon essayant en permanence de se positionner de manière tangentielle, position « opposé » au
positionnement radial du rayon) que la durée de vie du rayon sera très limité. Je ne souhaite pas trop rentrer dans les détails
car c’est un peu compliqué, mais il y a cependant certaines situations ou le rayonnage radial est « envisageable » avec un couple
à transférer, j’utilise bien le mot « envisageable » pour exprimer le fait que oui cela peut tenir, mais cela suppose de prévoir
un design et une roue spécifique. Vous m’entendrez souvent dire une phrase du type « c’est partir d’une mauvaise idée, et construire
autour de cette mauvaise idée quelque chose qui tient ». Ma logique étant plutôt d’essayer de partir de quelque chose qui fonctionne
très bien et d’essayer de l’optimiser, car nous sommes à mon sens moins limités en partant de quelque chose de bien qu’en partant de
quelque chose de mauvais. Bref je m’égare… mais j’en ai de toute façon à peu près fini avec les contraintes.
Ayant abordé les différentes contraintes (j’ai volontairement exclu les chocs inhabituels dus par exemple au chute car ceux-ci
ont difficilement explicables), venons en aux conséquences de celles-ci : les possibles ruptures. Comment se produisent-elles ?
Comment les prévenir ?
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